Rose, 20 ans. Paris, début du XXème siècle. Une héroïne romanesque, dans les rues d’une ville aux mille éclats, entre les années folles, les guerres, la passion et l’abandon. Quand La petite fille aux allumettes rencontre Cosette.
Agnès Desarthe est une magicienne hors pair, une jongleuse un rien sarcastique. De scènes de vaudeville en ode à la tendresse, elle transporte le lecteur dans une histoire au long cours. Empruntant ses codes à Charles Dickens tout autant qu’à Alexandre Dumas, elle nous propose un feuilleton dans la plus grande tradition.
Agnès Desarthe confère à son héroïne Rose toutes les caractéristiques que l’on attend d’un personnage de conte de fées. Maltraitée tout autant par la vie que par ses pairs, Rose tient le cap, portée par son courage, sa tendre naïveté et sa persévérance.

Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit en aucun cas d’un tendre roman fleurant bon l’eau de rose. De la tendresse, il y en a, mais elle écorche, elle râpe, elle griffe. De l’amour aussi, mais il blesse et saigne, il sauve et abandonne.
Une lecture en tours et détours, entre les fumeries d’opium, le Paris des années folles, les longues voitures blanches et la vie dans un placard à balais. Agnès Desarthe brosse le portrait d’une vie de résilience, Rose ayant cette capacité de faire de chaque malheur une scène de théâtre. Les derniers chapitres offrent une lecture troublante de l’amour maternel, entre fusion et inconscience totale.
Un tendre moment de complicité, le parfum de violette d’un appartement ancien, l’odeur du thé au jasmin … Ce roman est une moelleuse madeleine de Proust, avec une touche d’acidité qui confère au génie.
A lire sans tarder ! (Merci ma Cath :-))
Ce coeur changeant – Agnès Desarthe – Editions de l’Olivier – 336 pages