J’avoue, depuis longtemps, j’hésitais à me confronter à ce chef d’oeuvre de la littérature. Peur d’être déçue, peur de m’ennuyer ou de découvrir que derrière le monument littéraire se cachait une simple histoire de midinette.
Que nenni mon bon monsieur! Je suis vraiment heureuse de l’avoir mis dans ma pile à lire de février, et je n’en reviens pas d’avoir hésité si longtemps! Mais peut-être faut-il du temps et le bon moment pour s’atteler à des ouvrages qui nous suivent depuis si longtemps.
Alors que dire ? Ecrire une chronique sur un tel classique? Je m’essaie à l’exercice, en espérant que l’humilité sera la plus grande qualité de ce billet.
La première chose que je retiendrai de cette oeuvre est l’humour, cynique et réaliste, déployé à petites touches. Il ne s’agit pas de franche rigolade, non non, mais bien d’un humour fin et incisif, présent dans les descriptions de situations absurdes, ou dans les tirades pleines d’orgueil de Monsieur Collins. Jane Austen nous partage son regard acéré, amusé, d’une société régie par mille et un codes de bienséance, où la vie et le bonheur sont jugés à l’aune du regard de son voisin.
L’intrigue centrale, Elizabeth tombera-t-elle dans les bras de Monsieur Darcy? n’en est plus une, souffrant d’une maladie trop connue des grandes oeuvres, celle de connaître la fin avant même d’en avoir lu le premier mot. Et heureusement, le dénouement n’en est pas le plus important. En effet, c’est plutôt le chemin parcouru, les réflexions et discussions qui amèneront aux dernières pages qui valent leur pesant d’or. Entre les dialogues cinglants, les missives caustiques et les descriptions acerbes, c’est l’ensemble des préjugés d’une époque et d’une société qui sont mis au banc des accusés.
Entre un père désabusé et adorable, une mère expansive, hystérique et quelque peu limitée, entourée de soeurs aux caractères tous différents, Elizabeth se retrouve rapidement confrontée à la difficulté de faire ses propres choix, de poser ses propres opinions. Et Jane Austen s’en donne à coeur joie lorsqu’il s’agit de mettre en avant toutes les idées préconçues qu’une jeune fille de l’éducation et de la classe sociale d’Elizabeth peut avoir.
L’époque était-elle plus simple lorsqu’on se fiançait 24 heures après la première conversation, amoureux d’une situation sociale et d’une dot, la fiancée ayant de plus une conversation agréable? A chaque époque ses soucis, et ses préjugés !
Donc, sans attendre, plongez-vous dans cette romance acerbe, et délectez-vous de cette atmosphère anglo-saxonne si particulière, de ces dialogues d’anthologie, rencontrez Elizabeth, vous en serez ravi.e.s !
Orgueil et préjugés – Jane Austen – 10/18 – 369 pages