Par le vent pleuré, de Ron Rash

Une petite ville des Etats-Unis, dont le nom n’a pas grande importance, tant le cadre en est universel. Un été brûlant dans les années 60, et un triangle amoureux oppressant. Deux frères dont les limites du monde s’arrêtent à la rivière qui traverse leur village, et une jeune citadine envoyée à la campagne pour se défaire de ses vices. Des dizaines d’années plus tard, une poignée d’ossements déposés sur la berge d’une rivière…

Ron Rash est un de mes auteurs favoris. De par l’élégance de sa plume, la finesse avec laquelle il appréhende le monde et les relations humaines, que l’on retrouvait tellement dans Le chant de la Tamassee. Et c’est ce qui m’a manqué dans ce roman. Oh, cela reste bien entendu très bon ! L’excellence, quand elle perd de sa superbe, reste toujours au dessus du lot.

Mais il m’a manqué de subtilité dans la trame de l’histoire. Les évènements se déroulent les uns après les autres à toute vitesse, laissant peu de temps au lecteur pour intégrer l’histoire. Qui se retrouve devant un roman initiatique teinté de polar, sans toutefois s’illustrer dans un genre ou l’autre. Il en découle un sentiment de superficialité, celui d’avoir effleuré la surface de l’histoire sans y plonger réellement.

Le paradoxe des personnages mis en avant est qu’ils sont par essence dans l’extrême car en plein tourments de l’adolescence et de la découverte de soi. Ils m’ont néanmoins semblé peu fouillés, là où Ron Rash m’avait habituée à l’exercice périlleux de la construction de personnages s’incarnant totalement dans l’histoire. La cellule familiale, l’absence du père, l’omniprésence d’un grand-père tout puissant, le sacrifice d’une mère pour préserver ses enfants sont autant de sujets qui pour moi auraient pu être approfondis. Il sont là, on en pressent tout l’impact, comme une toile en arrière-plan, mais sans les voir réellement remonter à la surface.

J’en retiendrai l’atmosphère, celle de ces après-midi brûlantes, dans la pénombre des arbres, allongé au bord d’une rivière. Cette rivière chère à Ron Rash, qui dans ce roman illustre parfaitement la métaphore du temps qui passe, l’éphémère, la continuité des choses lorsque notre vie s’arrête.

Un bon roman, mais avec un réel sentiment de frustration !

« Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle.

1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.

À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn. »

Par le vent pleuré – Ron Rash – Seuil, 200 pages

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