Lire un Ellory, c’est un peu comme manger épicé. On sait que ce sera bon, très bon même, mais qu’on va en payer le prix. C’est encore le cas dans ce polar noir et tranchant, son septième publié en France. Car cette histoire de rédemption n’en finit pas de résonner, longtemps après sa lecture.
Portrait d’un homme en creux et en bosses, Vincent Madigan, flic corrompu et corrodé à l’alcool. Un anti-héros auquel on finit par accorder le bénéfice du doute, la sympathie a posteriori. Parce qu’il la cherche sa rédemption. Il y met toutes ses tripes, Vincent Madigan, c’est le moins que l’on puisse dire ! De braquage en meurtres, l’escalade se fait à reculons, plongeant de plus en plus profond dans les méandres de l’âme torturée de cet homme.
« Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd’hui, il a touché le fond, et la grosse somme d’argent qu’il doit à Sandià, le roi de la pègre d’East Harlem, risque de compromettre son identité officielle, voire de lui coûter la vie. Il n’a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune et monter un gros coup pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent très mal, il doit se débarrasser de ses complices, et un enfant est blessé lors d’échanges de tirs. Comble de malchance, le NYPD confie l’enquête à la dernière personne qu’il aurait souhaité. Rongé par l’angoisse et la culpabilité, Madigan va s’engager sur la dernière voie qu’il lui reste : celle d’une impossible rédemption. »
On y voit également la vision désabusée d’un homme au coeur du système judiciaire, perdu parce qu’il croyait être au service de la justice.
Un polar incisif, avec parfois quelques longueurs dans l’introspection, mais qui a le mérite d’aller au bout de son sujet. Et si c’est votre premier Ellory, commencez par « Seul le silence« , dont le titre est aussi poétique que la trame de ce déchirant roman.