Vous vous souvenez? Il était dans ma liste de livres à lire en février. Et je l’ai lu. Et je reste toujours sous le choc.
Du même prodigieux auteur, j’avais lu Sukkwan Island à sa sortie, et j’avais été totalement bouleversée par ce huis clos entre un père et son fils aux confins de l’ Alaska.
Il répète aujourd’hui le même schéma dramatique, choisissant l’autre versant du duo parent-enfant. Dans cet aquarium, on vit la relation fusionnelle de Caitlin, 12 ans et une passion inexplicable pour les poissons, avec sa mère, louve abandonnée et endurcie aux travaux manuels. Un soir après l’école, Caitlin se faufile comme chaque jour dans les couloirs de l’aquarium, absorbée par la vie marine et ses mystères. Elle y retrouve un vieux monsieur, avec qui elle s’est liée d’amitié. Sans se douter du terrible secret qui les unit…
On retrouve dans Aquarium la même précision chirurgicale dans la mise à nu des émotions humaines, dans ce qu’elles ont de plus absolu. De l’horreur indéfinissable aux moments de grâce inoubliables, David Vann nous ballade au gré de ses montagnes russes. Creusant nos failles, révélant notre indicible noirceur, il chante l’amour en version blues.
Car c’est bien d’amour dont s’agit, encore et toujours. Amour parental, féroce, au-delà de l’existence. Amour filial, déchirant. Amour naissant, pur et absolu.
Un livre aussi brutal que le coin d’une table, qu’il convient de lire avec prudence. Car il est possible qu’il laisse une infime trace sur vos cicatrices…